Un diptyque à la fois futuriste et archaïque : c’est ainsi que Jefta van Dinther définit On Earth I’m Done, dont la création a débuté avec la compagnie Cullberg en 2021. Le chorégraphe, qui vit à Berlin, y puise dans des métaphores naturelles pour parler d’un monde en pleine disparition – ou peut-être déjà disparu. Mountains, la première partie, est un solo créé à l’origine pour Suelem de Oliveira da Silva, danseuse originaire du Brésil. Face aux paysages montagneux, qui symbolisent une forme de permanence immémoriale, Jefta van Dinther et son interprète interrogent les relations entre nature et culture, dualité qui hante la pensée humaine, et le soin dû par les individus à leur environnement. Dans Islands, à l’inverse, l’humanité a déjà perdu la Terre, dont les forêts ont été brûlées et les paysages désertés. Treize danseurs tentent de reconstruire au sein d’une « société alternative » qui pourrait tout aussi bien se situer sur une autre planète. La danse y est une arme de survie face à l’oubli et la disparition – une manière de repenser la vie collectivement dans un espace où plus rien ne va de soi. Œuvre ambitieuse qui prend à bras-le-corps notre rapport à la planète, On Earth I’m Done marque la troisième collaboration de Jefta van Dinther avec la compagnie Cullberg, où il est également artiste associé. Cullberg – troupe expérimentale par excellence, dont le répertoire ne cesse de se renouveler – fait par la même occasion son retour à Montpellier. Laura Cappelle