Jean-Claude Fall s’empare une nouvelle fois d’un texte bouillonnant du plus radical des auteurs allemands, Falk Richter. Après l’annihilation de la démocratie politique dénoncée dans Le Système, voici, avec Ivresse(s), la submersion des relations humaines, amoureuses, sociales, professionnelles, dans un système totalitaire. Un système, encore et toujours, pernicieux et invasif qui extermine la collectivité des hommes pour ne laisser que des individus dévorés de solitude. Un texte amer ? Non, un texte, et une mise en scène, drôles, caustiques, cruels, emplis d’autodérision, de colères et de rage.

Falk Richter

Né à Hambourg en 1969 dans une famille de la grande bourgeoisie financière, Falk Richter y fait ses études de metteur en scène et commence à travailler au Schauspielhaus comme auteur, traducteur et metteur en scène. Il monte des auteurs comme Crimp, Kane ou encore Churchill. Il rejoint ensuite la Schaubühne de Berlin, où il a été metteur en scène associé. Ses pièces, regroupées sous le vocable Das System, s’inscrivent dans le cadre d’un projet global, dont font partie entre autres Electronic City, Sept secondes/In God we Trust et Sous la Glace. Falk Richter a écrit chacune de ses pièces en compagnie d’une équipe artistique composée de comédiens professionnels ou amateurs, pendant une période de quatre à six mois. Jouées de une à cinq fois dans le lieu même des répétitions, les présentations intégraient des films, de la vidéo, de la musique, des conférences, des débats ou du théâtre documentaire. Il a été joué pour la première fois en France par Stanislas Nordey en 2009 au festival d’Avignon.
Désormais directeur artistique de la Schaubühne de Düsseldorf, il a présenté Rausch (Ivresse) au Festival d’Avignon en 2013.

Le spectacle

Ivresse(s), monté par La Manufacture – Compagnie Jean-Fall reprend trois textes de Falk Richter écrits en 2011 et 2012, Ivresse, Protect me et Play loud. Tous trois déclinent à l’infini un des thèmes les plus récurrents de l’œuvre de Falk Richter.
Comment ce système en crise, ce système de la crise, ce système qui jouit de la crise vit en chacun de nous dans tous les instants de nos vies, comme un alien que nous porterions en nous et qui nous dévorerait de l’intérieur ?
L’auteur, à nouveau, livre des fragments d'un discours amoureux, social et politique, qui rendent compte de ce système qui nous enserre. En essayant de parler de l’intime, il se heurte une nouvelle fois à ce système fait de coachs omniprésents, des désormais incontournable réseaux qui se disent sociaux, destructeurs, à ses yeux des relations humaines, aux nouveaux combats du type indignados, qui s’essayent à de nouvelles formes de lutte et de résistance.

La Manufacture – Compagnie Jean-Claude Fall

Après avoir codirigé avec Philippe Adrien l’Atelier Philippe Adrien (1969-1977), créé et dirigé la compagnie La Manufacture (1978) et le Théâtre de la Bastille (1982), Jean-Claude Fall a été à la tête du Théâtre Gérard Philipe, Centre Dramatique National de Saint-Denis de 1989 à 1997, puis du Théâtre des Treize Vents, Centre Dramatique National de Montpellier de 1997 à 2009.
A l’issue de presque trente années de direction de ces institutions nationales, Jean-Claude Fall a créé à Montpellier sa compagnie indépendante La Manufacture - Compagnie Jean-Claude Fall en avril 2010.
Depuis sa création la compagnie a produit cinq spectacles : Belle du seigneur - extraits d’Albert Cohen, Hôtel Palestine de Falk Richter, Un fil à la patte de Georges Feydeau, Tête d’or de Paul Claudel et Une vie bouleversée d’après le journal intime de Etty Hillesum.