Ultime retour d’un homme qui a jadis délaissé sa femme et son fils. Ecrite à l'orée de la psychanalyse, cette pièce chorale et âpre met en scène un drame familial articulé autour du secret.

La scène se passe dans la Vienne de Sissi, celles des valses de Strauss et des opérettes de Franz Lehar. Mais vous n’en verrez ni n’en entendrez rien. Sur un plateau blanc et presque nu, encombré de quelques appareils électroménagers contemporains, une famille aisée plonge dans les rouages du non-dit, du mensonge et découvre son histoire, banale et douloureuse.

Amateurs d’Art Nouveau et de langueurs austro-hongroises, passez votre chemin. Baigné par Steve Reich et György Ligeti, effleuré de quelques mesures romantiques, le texte du Chemin Solitaire emprunte de bien drôles de sentiers. Sans fioriture, il éclate de bouche en bouche, passe de corps en corps, saute d’un personnage à l’autre, lancé, repris, divisé, fragmenté.
Le drame presque abstrait, débarrassé de ses anecdotes, se rapproche de la structure la plus enfouie de l’inconscient. Très éloigné des introspections freudiennes transposées dans une modernité toute relative, un travail âpre, tracé au cordeau et qui atteint la transparence des sentiments les plus obscurs.

Texte Arthur Schnitzler (Le Chemin solitaire)
Traduction de la version française Martine Bom
De et avec Natali Broods, Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver, Stijn Van Opstal et Frank Vercruyssen
Accueil dans l’Hérault en partenariat avec sortie Ouest

L’auteur
Né en 1862 à Vienne où il meurt en 1931, un an après le suicide de sa fille, Arthur Schnitzler est le fils d’un célèbre laryngologue. Médecin lui aussi, il conjugue sa passion littéraire et son activité professionnelle jusqu’à la mort de son père. Auteur de nouvelles célèbres (Le Lieutenant Gustl, Le Retour de Casanova) mais surtout auteur de théâtre, ses pièces les plus jouées au monde sont La Ronde et Mademoiselle Else, Schnitzler est souvent considéré comme la voix littéraire de la nouvelle science psychanalytique.