Emmené par Evelyne Didi, le travail a commencé pour le groupe XV, les nuits de mars dernier sous la pluie, dans les rues derrière l’Ecole, avec pour partenaires les passants qui passent, les camions poubelles, les chiens errants et la lumière des éclairages publics. Ils ont éprouvé comment la rue accueille et laisse résonner cette langue inégalée qui nous vient du plus loin mais nous touche de très près. Et ils ont entamé leur migration vers le Bassin.
Le spectacle commencera là où se terminait l’Œdipe de Pasolini, aux confins d’une ville déjà marquée par les tragédies mélancoliques d’aujourd’hui. Pour donner aux spectateurs la chance de se perdre simplement «sur la terre et sous les nuages» et pour mettre en situation tous ces destins maudits ils se sont faits mécaniciens : ils ont monté et remonté ces violentes tâches de mémoire que sont les histoires de ces trois familles Labdacides, Cadméens, Argonautes, affrontements politiques, porte-plaintes, récits, attentats sur soi, imprécations, dans la traduction culottée musclée rugueuse et drôle de Jean et Mayotte Bollack, immenses hellénistes «ouvreurs d’oreilles».
Là où nos terreurs d’aujourd’hui rencontrent les terreurs archaïques il y a ceci : l’enthousiasme qui fait le lien entre les hommes, en tous cas celui rêvé entre les acteurs et spectateurs, habitants provisoires du Bassin du domaine d’O (quartier Persephona).