L’accident de voiture qui a tué ses parents a peuplé de fantômes l’enfance de Céline Milliat-Baumgartner. L’écriture comme vecteur de mémoire, l’art théâtral comme délivrance : une très délicate collaboration entre deux artistes douées d’un regard aigu et sensible pour débusquer l’universel dans l’intime.

A l’aube d’être mère, il était urgent qu’elle l’écrive. Après l’avoir écrit, il était nécessaire qu’elle l’interprète. La disparition des parents de Céline Milliat-Baumgartner lorsqu’elle était enfant l’a conduite à entreprendre un admirable travail de mémoire par l’écriture. De lointains souvenirs d’une mère actrice et d’un père souvent absent, cristallisés en quelques passages de films, photographies et bijoux de pacotille carbonisés restitués à la famille, comme seules traces tangibles de la vie d’avant cette enfance presque normale avec un frère orphelin et une tante en mère-remplaçante, et c’est un précipité actif qu’elle provoque, un flirt joyeux entre la voix, le corps et les mots. Unanimement salué par la presse et le public, ce seule-en-scène, porté par la subtile approche de Pauline Bureau, ouvre la porte de toutes nos enfances dans un grand geste de dévoilement. Frôlant l’impudeur avec une grâce intrépide, sans jamais verser dans le sensationnalisme, un véritable élixir d’intimité.