Pas de Printemps qui vaille sans cirque. Nouveau, le cirque. Ou contemporain, l’appellation varie selon les époques. Mais en tout cas toujours virtuose, poétique, mêlant les vieux arts de la piste et les images rêveuses de mondes en mouvement. En 2012, c’était les Québécois des 7 doigts de la Main ; en 2013, les Australiens de Circa ; cette année place aux Finlandais de Race Horse Company. Et chaque année, on se demande : comment peut-on faire plus fort, plus haut, plus inventif ? Sans doute la question ne se pose-t-elle pas de cette façon. Ce sont chaque fois des mondes différents qui abordent aux rives du Domaine d’O. Hier, le raffinement de Circa dansant sur des quatuors de Chostakovitch, cette année, le bric-à-brac dézingué de ces trois Finlandais qui s’habillent de pneus -extravagants bonhommes Michelin en mouvement- et se perchent sur des planches mal équarries.
S’il n’y avait derrière ces tableaux tant de travail, Petit Mal -en français dans le finlandais- pourrait presque passer pour l’arte povera du cirque. On jongle avec trois fois rien, on a un trampoline pour deux, on s’empoigne dans un décor de terrain vague et sur des syncopes de hip-hop… Mais quelle invention, quelle drôlerie, quel humour -noir la plupart du temps- dans ce spectacle où les corps disent tout sans qu’il soit besoin d’ajouter un mot ! Un spectacle dans la grande tradition du Printemps.