Eh oui, pas de point d’interrogation qui tienne : il s’enfuit, le temps… Mais, parfois, il laisse derrière lui de jolis souvenirs qui, eux, demeurent. Ainsi du Cirque Plume et du Printemps, 30 ans d’existence pour l’un, 27 pour l’autre, presque autant d’années de compagnonnage. Et combien de souvenirs qui ne s’effacent pas : ici le plic-ploc de virtuoses gouttes d’eau, là les tableaux soudain animés d’un atelier de peintre..
Alors, comme on ne rompt pas, qu’on ne peut pas rompre, des fils aussi anciens, revoici comme une évidence le Cirque Plume au Printemps, ce festival qui, parmi les tout premiers, avait compris l’importance du nouveau cirque. Il n’est plus nouveau du tout, on ne sait plus très bien comment l’appeler mais qu’importe.
On sait qu’il y a sous ce chapiteau -transporté en l’occurrence dans la coque de bois du Théâtre Jean-Claude Carrière- une beauté difficilement définissable et, en tout cas, impossible à raconter. De quoi est fait Tempus fugit ? De nostalgie, un peu.
Mais aussi du tic-tac de l’horloge comme autrefois le plic-ploc de la goutte d’eau. Oui, de cette pièce que les horlogers appellent «échappement» et qui, de tic en tac, fait glisser le Temps le long d’une voie que ces mêmes horlogers appellent «le chemin perdu».
On se gardera des métaphores faciles : spectacle réglé comme une horloge, précision, etc. Non, justement : la grâce de Plume est dans cette éternelle fragilité, dans cette grâce qui semble naître chaque soir, spontanée et pourtant inoubliable.