En matière d’installations foraines, le Printemps des Comédiens n’a jamais eu peur de grand-chose. Le Festival a connu des baraques en bois, des

chapiteaux rouges, une fête foraine avec flonflons et autotamponneuses, des mâts vertigineux, des chevaux en liberté, des acrobates en armures médiévales... Mais, avec l’installation du CirkVOST, cette édition 2016 n’a peut-être pas de rival dans le spectaculaire. 368 bambous entrecroisés, enchevêtrés, 368 bambous qui escaladent le ciel et forment une sorte de sémaphore arachnéen, de tour de Babel, d’insecte géant ou de machine de guerre antique. Au choix du spectateur. Sur ces bouts de ciel qu’encadrent les bambous, se voit un salon où l’on cause, avec abat-jour et canapé. Se devinent soudain un musicien, des majordomes, quelques aristocrates... Et puis bien sûr, des trapézistes.

La tour aux cent fenêtres ouvertes sur le vide s’embrase de musique, de sauts en robes rouges, de plongées vers un sol qu’on ne voit plus tant l’oeil est comme happé par l’omniprésente étrangeté du baroque échafaudage... La discipline aérienne perd ici ses codes traditionnels pour laisser place à des émotions plus triviales. L’équipe remet en cause une vision idéalisée de l’homme et des acrobates aériens, sortes de super héros intouchables et aux gestes toujours solidaires.

Impressionnant contenant, saisissant contenu : on vole avec BoO, on frémit avec BoO.

Une danse crue, aérienne et grave dont on sort bouleversé et grandi : Merci

La Montagne