Parmi tous les grands noms de la scène que rassemble ce Printemps, il en est un qu’on ne lira qu’en filigrane. Ce nom, c’est celui de José Van Dam, immense baryton que Losey propulsa autrefois sous la lumière en lui faisant chanter au cinéma le rôle de Leporello aux côtés de Ruggiero Raimondi dans le Don Giovanni de Mozart. José Van Dam est aujourd’hui Maître en résidence à la prestigieuse Chapelle Musicale Reine Elisabeth qui forme les grands musiciens de demain.

Avec trois de ses élèves qui se préparent à ses côtés à une carrière internationale de chanteurs d’opéra, il a choisi le déroulé de cette soirée, créant ainsi un pont supplémentaire entre musique et théâtre. Comment résister en effet quand figurent au programme du Printemps Dom Juan et le Ça ira (1) Fin de Louis de Pommerat, où peuvent s’entendre les échos prérévolutionnaires du Figaro de Beaumarchais ? C’est donc tout naturellement que l’ombre de Mozart est convoquée par nos trois chanteurs, accompagnés par le pianiste Nathanaël Gouin qui étudie également à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth sous la direction de Maria-João Pires. Avec un contrepoint souriant : des airs introuvables -mais retrouvés par le directeur du Printemps, Jean Varela, grand bibliophile- que l’acteur italien Evariste Gherardi composa pour Arlequin. Car Arlequin, faut-il le rappeler, est lui aussi au programme dans la légendaire version du Piccolo Teatro.

Avec un épilogue plus martial aussi : quelques airs révolutionnaires interprétés avec enthousiasme par les élèves de Van Dam.