Les soubresauts de l’année 2014 avaient privé le Printemps des Comédiens de son, de leur Misanthrope. Belle consolation : voici à nouveau Jean-François Sivadier à la mise en scène et Nicolas Bouchaud dans le rôle titre pour un autre grand Molière : Dom Juan.

Grand Molière et étrange Molière... Celui qui se prête le plus aux interprétations, même les plus contemporaines. Qui est-il ce personnage vieux de quatre siècles et en perpétuelle mutation ? Un athée flamboyant, un simple jouisseur, un grand seigneur méchant homme, un dynamiteur de l’ordre établi ? De Tirso de Molina à Mozart, il est infini ce jeu de miroirs où le personnage s’esquive sans cesse.

C’est dire avec quelle jubilation, eux qui n’avaient pas hésité à verser une dose de rock’n roll dans Le Misanthrope, Sivadier et Bouchaud s’emparent du mythe. Ils le font comme toujours : dans l’absolu respect du texte, bien sûr, mais en insufflant au vieux convive du festin de pierre beaucoup de notre air du temps.

Jean-François Sivadier a pour ce faire deux de ses complices traditionnels : Nicolas Bouchaud, que le Printemps a notamment accueilli pour l’étonnant La Loi du Marcheur, et Vincent Guédon déjà dirigé dans Beaumarchais. Une magnifique façon pour le Printemps, qui co-produit ce spectacle, de s’adresser un clin d’œil à lui-même : Dom Juan ne fut-il pas en 1987 le tout premier spectacle de notre première édition ?